Financement de la lutte contre le changement climatique : Somalie

Bakou, Azerbaïdjan – Novembre 2024

Le financement du climat était à l’ordre du jour de la COP29. Mark Redwood, associé du Climate Risk Institute, a participé à la conférence aux côtés de la délégation somalienne avec le MoECC pour soutenir Climate Action Africa en cours, un mécanisme de déploiement d’experts d’Affaires mondiales Canada, en se concentrant sur le financement climatique de la Somalie. Lisez la suite pour connaître l’avis de Mark sur les discussions relatives au financement du climat lors de la conférence de cette année. Pour en savoir plus sur cette initiative de l’ACA, cliquez ici – « Permettre les investissements et la planification futurs à l’appui de l’adaptation climatique de la Somalie ».

 

Participation à la conférence COP 29 aux côtés de la Somalie pour soutenir le financement de la lutte contre le changement climatique

Par Mark Redwood, expert en eau, climat et environnement

Le financement du climat pour le système national somalien

Le financement du climat est souvent présenté comme la pierre angulaire des efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. Pourtant, pour des pays comme la Somalie, la réalité de l’accès à ces fonds reste semée d’embûches. Lors de la COP29, de nombreux pays, y compris ceux qui se trouvent dans des situations fragiles, sont arrivés avec une vision bien définie : obtenir les ressources nécessaires pour faire face aux effets dévastateurs du changement climatique tout en renforçant la résilience pour l’avenir. Pourtant, la conférence a mis en évidence certains obstacles systémiques qui persistent dans l’architecture mondiale du financement du climat.

Une vision claire, mais un long chemin à parcourir

La Somalie a rapidement mis en place un ensemble de lois et de plans nationaux visant à remédier à ses vulnérabilités les plus pressantes : sécheresses graves, précipitations imprévisibles et érosion côtière. Ces documents et engagements – le processus NDC 3.0, le PAN, le Fonds national pour le climat et de nombreuses autres lois et annonces – visent à construire le système national en un ensemble crédible d’institutions et d’actions qui renforceraient la confiance des bailleurs de fonds internationaux pour qu’ils investissent dans le pays. Cependant, les agendas concurrents de la COP29 – qui s’attardent souvent sur les mots et ne s’accordent pas sur « qui paie » – relèguent les préoccupations des pays fragiles et touchés par des conflits à l’arrière-plan.

Occasions manquées ou gains stratégiques ?

Tout au long de l’année 2024, le Climate Risk Institute a soutenu la conception de la stratégie nationale de financement climatique pour la Somalie. Cette stratégie, conçue en partenariat avec le ministère de l’environnement et du changement climatique, fait le lien entre les réalités locales et les mécanismes de financement mondiaux, en mettant l’accent sur des approches innovantes telles que le financement mixte et l’adaptation communautaire. Cet effort attire l’attention, mais il soulève une question essentielle : est-ce suffisant pour garantir les engagements financiers dont la Somalie a besoin de toute urgence ? La question est cruciale. Si la Somalie ne dispose pas d’un système national crédible pour gérer les finances, elle risque d’être dépassée par les investissements passant par les agences internationales ou le système des Nations unies, qui constituent une alternative plus « sûre » que la collaboration avec le gouvernement somalien. À mon avis, cette solution à court terme nuira en fin de compte à l’objectif plus large de renforcer le gouvernement national pour qu’il devienne un gestionnaire transparent et efficace des ressources financières pour le climat.

Le « milieu manquant » du financement climatique
L’expérience de la Somalie à la COP29 met en lumière un thème récurrent dans le financement climatique mondial : le « milieu manquant ». Alors que des fonds importants sont disponibles par le biais de mécanismes tels que le Fonds vert pour le climat, les voies d’accès à ces ressources restent alambiquées. Les projets à petite échelle et menés localement – l’épine dorsale des efforts d’adaptation de la Somalie – peinent à répondre aux critères rigides imposés par ces mécanismes. En outre, la ressource essentielle de la Somalie – un secteur privé vaste, innovant et puissant – est largement absente des discussions. Le milieu manquant est l’espace entre les fonds disponibles et les idées de projets. Il s’agit du « comment » concevoir et mettre en œuvre des projets et des programmes ayant un impact.

Cette lacune est aggravée par le manque de capacité à naviguer dans les processus de financement complexes. Les efforts déployés par la Somalie pour y remédier par le biais de partenariats avec des organisations internationales et de mécanismes de soutien technique constituent un pas dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin.

Changer le discours sur le risque
L’un des défis les plus frappants dans le parcours de la Somalie en matière de financement climatique est le discours sur le risque. Perçue comme un État fragile, la Somalie se heurte souvent au scepticisme des donateurs potentiels. Cependant, la Somalie s’efforce de recadrer ce discours, en mettant l’accent sur la résilience, le leadership communautaire et les réformes de gouvernance novatrices déjà en cours. Pour que le financement de la lutte contre le changement climatique soit réellement inclusif, il doit reconnaître que le risque n’est pas une raison d’exclure les pays vulnérables, mais un appel à investir dans leur résilience. La stratégie de la Somalie, axée sur l’instauration de la confiance par la transparence et la responsabilité, pourrait servir de modèle à d’autres pays confrontés à des défis similaires.

Quelle est la suite des événements ?
La COP29 n’a peut-être pas permis à la Somalie et à d’autres pays fragiles de réaliser la percée qu’ils espéraient, mais elle a mis en évidence la nécessité de revoir totalement notre approche du financement de la lutte contre le changement climatique. L’histoire de la Somalie est un microcosme des luttes plus larges auxquelles sont confrontées les nations vulnérables : des plans ambitieux, limités par des obstacles systémiques. De notre point de vue, plusieurs actions à court terme sont essentielles :

  1. Un plaidoyer soutenu qui tirera parti de l’élan acquis grâce à des relations nouvelles et évolutives avec des agences internationales clés (GCF, PNUD et ONGI actives dans le pays) ;
  2. Un renforcement ciblé des capacités – tant techniques qu’opérationnelles – afin de garantir une conception et une mise en œuvre efficaces des projets, y compris la transparence et la responsabilité en matière de financement.
  3. Un partenariat entre le ministère de l’environnement et du changement climatique et d’autres ministères clés (finances, planification, etc.) pour assurer la cohésion nationale.
  4. Une stratégie nationale de financement du climat achevée, approuvée et lancée, autour de laquelle consolider le soutien des donateurs.

Alors que la Somalie poursuit son parcours dans le domaine du financement climatique, son histoire est riche d’enseignements pour la communauté internationale. Investir dans les pays vulnérables n’est pas de la charité ; c’est une responsabilité partagée et une occasion de construire un avenir plus résilient pour tous. D’ici 2025, et jusqu’à la COP30 à Belem, ces quatre actions resteront prioritaires pour le pays.

 

À propos d’Action climatique en Afrique (ACA)

ACA, financé par Global Affairs Canada | Affaires mondiales Canada (GAC / AMC) et mis en œuvre par Alinea International, Econoler et WSP au Canada, mobilise une assistance technique ciblée et à court terme dans toute l’Afrique subsaharienne pour faire progresser les objectifs climatiques locaux alignés sur l’Accord de Paris. Grâce au mécanisme de déploiement d’experts pour l’action climatique en Afrique (MDE-ACA, les spécialistes canadiens du climat s’associent aux gouvernements, aux ONG, aux organisations de la société civile, au secteur privé et aux établissements d’enseignement postsecondaire pour répondre aux besoins locaux. Le CAA soutient l’amélioration de la gouvernance climatique, la promotion des énergies renouvelables, la conservation des forêts, la résilience de l’eau et l’agriculture intelligente face au climat. En mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes en tant qu’agents de changement, le CAA encourage le leadership inclusif et la coopération Sud-Sud, faisant progresser les solutions climatiques durables dans toute la région.

À propos du ministère de l’environnement et du changement climatique (MoECC)

Pour plus d’informations sur le ministère de l’environnement et du changement climatique, y compris les derniers rapports et plans sur leur approche du financement du climat, veuillez consulter ce site.

À propos du Climate Risk Institute

Le Climate Risk Institute (CRI) s’efforce de faire progresser les pratiques et de fournir des services liés à l’évaluation des risques liés au changement climatique, à la planification de l’adaptation, à l’évaluation des politiques et à la résilience. Pour en savoir plus sur le CRI, cliquez ici.